• P1-S4 : Représenter un paysage

    Après la ligne courbe, voici une séance qui permet d’approcher la notion de ligne droite et horizontale. Elle est également très utile commencer à enrichir le lexique des élèves, avec du vocabulaire géométrique, esthétique mais aussi quelques notions basiques de géographie. D’ailleurs j’ai hâte de pouvoir utiliser le nouveau livre de géographie de Didier Glad (Voir ici ), et j’espère que ce sera là encore une occasion de faire se renforcer mutuellement ces deux domaines d’apprentissage.

    J’ai choisi d’utiliser les craies grasses plutôt que les crayons, pour plusieurs raisons plus ou moins valables :

    -        Pour changer un peu, parce que les élèves qui n’aiment vraiment pas les crayons finiraient par en avoir ras-le bol et par prendre les séances d’arts plastique en grippe.

    -        Parce que ça va plus vite, tout en rendant assez bien de loin, ce qui convient bien à ma méthode à base de séquences ultra-courtes.

    -        Parce que j’anticipe ainsi sur la séance suivante sur le mélange des couleurs tout en leur permettant des premières manipulations beaucoup plus instinctives que celles que je leur demanderai ensuite avec les crayons.

    -        Parce que même les jeunes élèves arrivent assez spontanément à reproduire les textures que l’ont trouve dans un paysage avec les craies grasses, c’est bien plus simple qu’aux crayons de couleurs (que personnellement j’ai encore aujourd’hui du mal à manier avec brio)

    Pour le moment je n’ai qu’une seule grosse boîte de craies grasses pour ma classe, impossible par conséquent de mettre toute la gamme des couleurs à disposition de chaque élève. Je fais avec en donnant seulement 3 craies pour 2 élèves (un marron, une couleur chaude et une couleur froide) et en leur permettant de faire des échanges. Cela marche malgré tout assez bien, même si j’espère pouvoir acheter plus de matériel par la suite.

    Arts visuels, S4 : Représenter un paysage

    Objectif technique principal :

    • Représenter un paysage avec des craies grasse.

    Compétences du programme : Utiliser des techniques traditionnelles

    Matériel : -Une feuille blanche de papier à dessin par élève (format A4 ou plus petit) de préférence à gros grains

    -Une feuille plus grande pour l’enseignant, qui devra montrer les gestes aux élèves.

    -Un crayon à papier, une règle et une gomme par élève.

    -Des craies grasses de couleurs variées

    -de quoi protéger les tables (du papier journal suffira)

    -de l’essuie tout (une feuille par élève + un rouleau de secours qui servira aussi lors du nettoyage de la classe)

    -des photographies de différents paysages sur lesquelles la ligne d’horizon est clairement visible.

    Organisation de la classe : Classe entière face au tableau, possibilité de regrouper les tables pour mutualiser les craies.

     

    1. Présentation d’une œuvre

    (5 minutes)

    • Observation silencieuse de l’œuvre
    • Qu’est ce qui est représenté sur cette image ? explication du terme « paysage » (très bref)
    • Montrer du doigt le tracé de la ligne d’horizon, demander aux élèves de   tracer en l’air la ligne également.
    • Est-ce une ligne courbe comme celles que nous avions vues chez Cocteau ou Matisse ?
    • Expliquer rapidement ce qu’est une ligne droite horizontale.
    • Faire remarquer que cette ligne « d’horizon » se retrouve tout autour de nous (si la vue depuis la classe s’y prête, on peut faire venir les enfants à la fenêtre, sinon, on peut tenter de repérer cette ligne d’horizon dans différentes photos de paysages.)
    • Faire observer aux élèves les couleurs qui sont utilisées, en particulier le bleu dans le lointain : les montagnes sont elles vraiment bleues quand on s’en approche ? Non, mais elles paraissent bleues ou violettes parce qu’elles sont loin.

    2. Présentation du projet

    (5 minutes)

    • Consigne : vous devez remplir TOUTE votre page (aucun blanc) en représentant un paysage.
    • Faire rapidement un « modèle » au tableau, en verbalisant les points importants (ligne d’horizon, couleurs vives au premier plan, montagnes bleues dans le lointain, possibilité de créer des textures, de mélanger avec le doigt, d’estomper en frottant un tout petit peu de couleur avec le bout de son doigt ou de l’essuie-tout, …)

    3. Mise au travail

    (20 minutes)

    • Sortir le matériel autorisé pour ce travail, tout le reste doit être rangé.
    • Faire tracer d’abord par tous les élèves la ligne d’horizon, en rappelant comment on se sert d’une règle (faire une démonstration au tableau, éventuellement avec un élève volontaire)
    • Laisser les élèves explorer tous les procédés à leur disposition et les verbaliser avec eux de la façon la plus précise possible (mélange, textures, hachures, … )
    • Les élèves ayant terminé en premier peuvent –après validation de leur travail - faire un dessin libre aux crayons de couleurs (pour laisser les craies grasses aux camarades plus lents)

    4. Rangement et bilan

    (10 minutes)

    • Trier et ranger les craies, nettoyer toutes les tables.
    • Afficher les travaux avec les élèves.
    • Faire s’exprimer 3 élèves désignés par la maîtresse sur ce qu’ils ont appris pendant cette séance.

    Télécharger l'affichette sur Turner

    P1-S4 : Représenter un paysage

     

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  • P1 S 2 : DESSINER AVEC DES CISEAUX (2 SEANCES)

    J’ai fait la première partie de cette séance 2 ans de suite, la première année en demandant aux élèves de faire des oiseaux, qui sont restés ensuite collés sur les vitres, et la seconde fois en faisant un affichage collectif à partir des feuilles fabriquées individuellement, pour rappeler la grande gerbe de Matisse.

    Le résultat final était assez sympathique (d’autant que je pense qu’il est bon que les élèves travaillent tous ensemble pour aboutir à une même réalisation au début de l’année) , mais la composition était trop grande pour être réalisée par les élèves et c’est donc moi qui ait presque tout accroché (et encore, je n’ai pas pu utiliser toutes les feuilles). En outre, l’affichage a été assez rapidement dégradé (je ne sais pas dans quelle mesure c’était volontaire) par les passages dans le couloir. J’ai fini par devoir la décrocher tant elle faisait grise mine.

    J’ai donc remanié cette séquence pour pallier à ces désagréments. La deuxième partie de ce travail fera donc intervenir la colle (encore un savoir faire toujours utile au quotidien dans les petites classes) et devrait permettre aux enfants de faire eux-mêmes une première modeste composition.

     

    Arts visuels, S3 : aborder la technique du papier découpé et collé.

    Objectif technique principal :

    • se servir des ciseaux pour découper selon une ligne courbe (séance 1)
    • Se servir de la colle à papier (séance 2)

    Compétences du programme : Utiliser des procédures simples mais combinées (découpage, collage)

    Matériel : -Une feuille cartonnée de couleur par élève (format A5), les feuilles doivent être de couleurs vives et variées

    -Une feuille de couleur plus grande pour l’enseignant, qui devra montrer les gestes aux élèves.

    -Une paire de ciseaux à bouts ronds par élève séance 1) ainsi qu’un crayon à papier et une gomme.

    -Un tube de colle par élève (séance 2)

    -Une feuille blanche A3 (ou plus grande) par groupe, pas forcément très épaisse (séance 2)

    Organisation de la classe : Classe entière face au tableau (séance 1) par petits groupes de 4 à 6 élèves, éventuellement en groupant les tables par 4 ou 6 (séance 2)

    Séance 1 : dessiner avec des ciseaux

     

    1. Présentation d’une œuvre

    (5 minutes)

    • Présenter des reproductions de papiers découpés de Matisse aux élèves (la Gerbe, mais aussi par exemple la tristesse du roi, Polynésie ou encore un extrait de l’ouvrage « Jazz » )
    • Demander aux élèves comment ils ont été faits à leur avis. On leur explique alors qu’il s’agit de papiers de couleurs découpés et pas de dessin ni de peinture.
    • On peut s’attarder sur la tristesse du roi en leur demandant ce qui est représenté. Les élèves auront probablement du mal à trouver, ou proposeront des réponses différentes. On peut alors leur faire remarquer que c’est parce que les formes sont très simples avec très peu de couleur, et que l’artiste a essayé de représenter « uniquement le plus important »
    • Demander comment sont les contours des formes découpées ? Peut-on les tracer à la règle ? Insister sur la notion de courbe.
    • Présenter l’affichette sur les papiers découpés aux élèves ( à télécharger ici ). Leur expliquer que Matisse est un peintre et que c’est à la fin de sa vie, lorsqu’il était handicapé, qu’il a utilisé la technique du papier découpé, moins fatigante pour lui.

    2. Présentation du projet

    (5 minutes)

    • Expliquer le projet aux élèves. Eux aussi vont utiliser cette technique même s’ils ne sont pas peintres, et il faudra qu’ils s’appliquent bien car les formes qu’ils découperont seront ensuite regroupées avec celles de leurs camarades, puis affichée dans l ‘école.
    • Sortir une grande feuille de couleur et dessiner dessus à la craie, en commentant : « je prends toute la place parce que je veux qu’une fois découpée ma forme se voie de loin. »
    • Faire quelques essais au tableau qui ne fonctionnent pas (forme ouverte, forme trop compliquée, dessin à l’intérieur de la forme,…) faire exprimer chaque fois aux élèves pourquoi je ne pourrai pas faire comme ça sur ma feuille.
    • Montrer comment on découpe une ligne courbe : montrer ce qui se passe si je fais des à-coups, que je bouge les ciseaux au lieu de la feuille (faire observer le résultat) puis si je ferme mes ciseaux progressivement en faisant bouger ma feuille le long du contour.
    • Faire comparer les résultats pour que les élèves puissent comprendre que c’est le dernier geste qui permet d’obtenir un résultat satisfaisant

    Distribution des papiers (les élèves choisissent leur couleur.

    3. Mise au travail

    (20 minutes)

    • Distribuer une feuille de couleur à chaque élève, les couleurs doivent être mélangées si l’on veut qu’à la séance suivante, les travaux collectifs soient multicolores.
    • Rappeler la consigne : les élèves doivent utiliser TOUTE leur feuille pour faire UNE forme (on peut imposer par exemple de faire une fleur, un oiseau, un poisson, une algue ou une feuille, ou leur permettre de choisir parmi trois de ces formes. Il est risqué de laisser les élèves totalement libres pour cette séance, ils risquent de vouloir représenter des choses trop complexes à représenter par un seul contour et de se décourager). Ils doivent réaliser le contour à l’aide d’une ligne courbe fermée et ne découper que lorsque l’enseignant aura validé leur tracé (c’est à cette étape qu’il faut vérifier que les élèves auront écrit leur prénom au crayon à l’intérieur de leur tracé)
    • Les élèves ayant terminé les premiers peuvent se servir des chutes de papiers pour découper d’autres formes.

    4. Rangement et bilan

    (10 minutes)

    • Trier les chutes de papier par couleur et les récupérer (elles pourront éventuellement servir par la suite)
    • Vérifier que chaque élève a bien inscrit son prénom au crayon au DOS de sa forme et a rendu au moins une forme.
    • Faire s’exprimer 3 élèves désignés par la maîtresse sur ce qu’ils ont appris pendant cette séance.

    Séance 2 : composer un collage

     

    1. rappel du projet

    (5 minutes)

    • Faire rappeler par un élève volontaire ce qui a été fait la fois précédente. Demander à un autre volontaire de rappeler ce qui avait été prévu pour la suite.
    • Cette fois, les élèves devront se mettre par petits groupes, il va donc falloir regrouper leurs bureaux pour qu’ils puissent travailler ensemble. Faire la démonstration pour un groupe en en profitant pour rappeler les règles, puis faire installer le reste de la classe de la même façon.
    • Explications avec démonstration au tableau : chaque élève doit reprendre sa forme découpée la dernière fois et la coller sur l’affiche pour obtenir un résultat qui soit le plus beau possible. Demander ainsi aux élèves ce qu’ils préfèrent entre 3 possibilités (on aura affiché une feuille au tableau et on déplacera 3 formes dessus avec des aimants), l’une ou les découpages sont éparpillés dans tous les sens, l’autre où ils sont les uns sur les autres et la troisième sur laquelle on a réfléchi à la composition (par exemple en faisant un « bouquet de fleurs » , ou en faisant voler un oiseau au dessus des feuilles,… )
    • Réexpliquer le maniement du tube de colle : On ne sort pas toute la colle mais seulement le minimum, on ne couvre pas toute la surface du papier mais seulement les contours de la feuille de couleur, en appuyant seulement légèrement.

    3. Mise au travail

    (15 minutes)

    • Les groupes qui ont terminé plus rapidement que les autres peuvent rajouter des éléments dans leur composition, puis trouver un titre à leur travail, qui sera affiché sous leur feuille.

    4. Affichage, rangement et bilan

    (15 minutes)

    • Faire afficher les travaux par les élèves, puis demander à un volontaire dans chaque groupe d’expliquer ce qu’ils viennent de faire. Ils doivent alors répondre à une question d’un camarade des autres groupes chacun.
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    Ni pastiches ni loisirs créatifs ?

    La Raie de Chardin, copiée par Matisse.

    Pourquoi faire démarrer la plupart de mes séances par l’observation d’une œuvre d’art ?

     

    Cela n’a rien d’évident et je suis loin d'être sûre d'avoir raison !

    Dès le collège (je n’ai pas choisi d’option arts plastiques au lycée, je me suis formée comme j’ai pu en dehors de l’école) je me souviens que nos professeurs nous mettaient en garde contre le risque, alors bien mystérieux pour moi, de faire du « à la manière de ». C’était aussi un conseil qui revenait sans cesse lors de ma préparation à l’épreuve orale d’arts visuels du CRPE.

    Alors, qu’entendaient-ils par « faire du àlamanièrede » ? Si j’ai bien compris, c’est exactement ce que nous faisions la plupart du temps au collège. On nous montrait une œuvre, généralement d’art contemporain, et nous devions faire à peu près la même chose avec le matériel à notre disposition, c’est à dire 3 bouts de ficelle et un ou deux gadgets à la mode (j’ai de merveilleux souvenirs d’un « vaporisateur à bouche », qu’il nous fallait absolument acheter, quitte à faire quatorze boutiques pour le trouver, et qui nous a servi une seule fois en 4 ans). Ensuite le professeur nous complimentait mais nous disait 9 fois sur 10 que c’était quand même « un peu trop du àlamanièrede » puis nous faisaient un laïus sur le grand artiste en question.

    Parfois ils inversaient donc la démarche, nous avions une consigne censée être un peu mystérieuse, et c’est seulement ensuite qu’on nous dévoilait quel grand artiste de la seconde moitié du XXe siècle avait fait la même chose que nous. Pour s’en sortir, il fallait trouver le moyen de suivre la consigne tout en étant le plus éloigné possible de ce à quoi les enseignants s’attendaient de notre part, et surtout baratiner assez bien pour que tout ait l’air réfléchi (j'étais très forte à ce jeu).

    Faire du « àlamanièrede » c’était donc répondre bêtement à la question, tenter de copier le produit fini sans avoir nécessairement compris la démarche qui y avait conduit et sans avoir le matériel ni le savoir-faire qui auraient permis d’arriver à la cheville de l’original.

     

    Faire faire du « à la manière de » en primaire, c’est donc aussi un peu cela, à savoir faire singer des artistes par des élèves de moins de 11 ans, avec plus ou moins de bonheur. Afin que les pastiches soient un peu plus ressemblants, les enseignants vont donc, surtout en maternelle, piocher dans l’art contemporain, mais il faut bien avouer que, à part si l’on se contente de Buren ou de Toroni, et encore, faire croire à des enfants de cet âge qu’ils vont pouvoir se mesurer à des artistes reconnus serait une imposture. Les élèves peuvent vite se décourager en se rendant compte qu’on les « arnaque » en leur faisant croire qu’ils sont des Picasso en herbe alors qu’ils voient bien qu’ils ne font que suivre les conseils de leurs enseignants sans savoir où ils vont. De plus, cela contraint à se cantonner à une toute petite partie de l’histoire de l’art, qui n’est pas forcément celle qui réjouit le plus les enfants à la longue, même si les bambins de moins de 6 ans sont très attirés par les couleurs vives et les formes franches qu’on retrouve souvent dans ces œuvres.

     

    S’inspirer des grands maîtres n’est donc pas a priori l’idée du siècle, d’autant qu’on peut considérer que leur étude est prématurée en primaire. Est-ce vraiment judicieux de leur présenter des tableaux de Léonard de Vinci alors qu’ils ont l’âge des cahiers de coloriages et des cartes pokemon ? N’est-ce pas mettre la charrue avant les bœufs au risque de les dégoûter à jamais de la peinture ?

     

    Pourquoi, alors, ne pas simplement se contenter de laisser les élèves s’exprimer, éventuellement en mettant certaines techniques à leur disposition, voire en leur enseignant certains procédés de façon plus guidée, mais sans leur mettre sous le nez des artistes avec lesquels les écoliers ordinaires n’ont pas grand chose de commun ?

     

    Après tout, je suis très admirative de la démarche de Freinet et des travaux présentés dans « l’art enfantin » par exemple. Or, il ne me semble pas que celle ci se fonde sur des liens avec l’histoire de l’art. Il s’agit plutôt de permettre à l’enfant de s’exprimer le plus librement possible, en lui donnant une gamme de moyens très étendue à cette fin. De nombreux conseils sont échangés entre instituteurs pour que les élèves qui leur sont confiés puissent s’essayer à la sérigraphie, à la peinture à la colle, …

    Les travaux présentés sont de grande qualité et ne peuvent susciter que l’admiration, d’autant qu’ils n’ont rien de médiocres plagiats de peintures abstraites tels que peut les engendrer le « à la manière de ».

    Ni pastiches ni loisirs créatifs ?

    École de Saint-Cado, Morbihan (Photo H. Robic), in art enfantin n°1 décembre 1959.

     

     

    A l’heure actuelle, les « recettes » des enseignants du primaire me paraissent de plus en plus échangées sur les blogs, ou sur pinterest par exemple, et des productions d’arts visuels dignes de catalogues de loisirs créatifs (on est loin des techniques Freinet qui faisaient la part belle à des outils très simples et à des matériaux de récupération, les marchands de fournitures de beaux-arts doivent d'ailleurs se frotter les mains...)  fleurissent un peu partout sur la toile. Souvent ces dernières sont très jolies, bien plus jolies que les pauvres griffonnages de mes élèves, il faut bien que je le reconnaisse.

     

    Malgré tout, je m’obstine… Pourquoi ?

     

    D’une part, le fait de partir d’une œuvre permet une première découverte culturelle et je crois que nos élèves ont le droit de bénéficier du patrimoine mondial de l’humanité, et que ça se fera d’autant mieux, d’autant plus profondément et que ce sera d’autant moins empêché par des préjugés de toutes sortes que la première « imprégnation culturelle » aura lieu tôt. Cependant, cela implique qu’on choisisse des œuvres adaptées et qu’on ne force pas les choses : pas de cours indigestes d’histoire des arts, pas d’images choquantes ou violentes, un grand nombre d’œuvres de toutes sortes afin que tous les goûts qui sont dans la nature puissent s’y retrouver et que les élèves ne se retrouvent pas enfermés dès leur prime enfance dans un seul courant artistique, (que ce soit la peinture surréaliste ou la sculpture précolombienne)

     

    Mais ce n’est pas pour juxtaposer un peu d’histoire des arts et un peu de patouille que je persiste dans la volonté de partir le plus souvent d’une œuvre d’art, c’est bien parce que je tiens à une démarche particulière qui consiste à observer une image et à l’analyser pour en tirer une démarche que l’on réinvestit ensuite dans une production plastique puis plus tard dans d’autres contextes (scolaires ou non)

     

    Ainsi, on ne singera pas l’œuvre en suivant étape par étape un guidage extérieur pour produire une copie (« alors là vous allez faire des rayures à la peinture, comme ça, et comme ça , sur toute la page, avec à chaque fois un écart comme ça , et regarde, ça fait comme du Buren ! » ) mais on en dégagera quelques caractéristiques pour comprendre comment on peut s’exprimer soi-même avec plus d’autonomie que lorsqu’on copie un tableau avec ses 3 godets de peinture à l’eau et son pinceau en plastique sur une feuille A4…

    Dans ce contexte, on ne fait pas croire à l'enfant qu'il va devenir Turner en 3 minutes, mais l'élève pourra avoir pris conscience par lui-même (grâce au guidage de l'enseignant) de certains éléments de l’œuvre. Ainsi il pourra mieux comprendre ce qu'est une ligne d'horizon et comment la tracer que si on lui indique simplement qu'il faut qu'il trace une ligne horizontale sur sa feuille ou à l’extrême inverse, que si on le laisse se dépatouiller en lui disant de "dessiner le paysage qu'il voit" en s'attendant à ce que l'enfant remarque tout seul cette ligne (ou d'ailleurs, en ne s'attendant à rien de tel mais en se désintéressant complétement du résultat obtenu et de son amélioration au fil du temps).

    Par ailleurs, j'ai déjà expliqué que je pensais que les moments d'observation permettaient de développer les capacités des élèves, au niveau de leur analyse de ce qu'ils voient mais aussi du point de vue de leur syntaxe et de leur vocabulaire.

    Évidemment ces considérations portent sur un idéal vers lequel je tends et je ne prétends pas que les élèves qui suivront cette démarche deviendront tous comme par magie extrèmements habiles de leurs mains, mais j'espère qu'ils en tireront tout de même profit.

     

     "Mes" rhinocéros d'après Dürer, sur le blog de doublecasquette.

     

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  • P1/S2 : réaliser des aplats aux crayons de couleurs

    Pour cette séance, pas d’observation de classique de l’histoire des arts, qui à mon avis tomberait forcément comme un cheveux sur la soupe. De plus, le fait d’avoir des séances généralement assez courtes au début de l’année est plus facile à gérer, pour moi du moins, dans les premiers jours de classe. L’objectif ici est en effet essentiellement technique : Il s’agit d’apprendre (ou de revoir) comment colorier correctement une surface.

    Ce savoir-faire servira aux élèves à la fois en classe au cours de toute leur scolarité (le fait de ne pas savoir correctement colorier m’a joué des tours jusqu’en terminale en géographie, personnellement) mais sera réinvesti également en dessin lorsqu’il s’agira de réaliser des ombres par exemple, à l’aide d’aplats plus ou moins marqués au crayon.

    Pour le moment, on ne s’intéresse qu’au coloriage « basique » : un crayon = une zone de couleur. Il est probable que les élèves auront déjà colorié ainsi depuis leur petite enfance, mais ce n’est pas toujours le cas, et même lorsqu’ils ont des collections de coloriages chez eux, ils ignorent parfois comment remplir une surface de façon uniforme, sans dépasser les contours.

    Il s’agira également d’approcher très sommairement la notion de symétrie axiale.

    Dans ma classe, cette séance prend place au tout début de l’année (éventuellement le premier jour) après l’étude de notre première poésie. (disponible ici, sur le site littérature au primaire)

    Arts visuels, S2 : Utiliser des crayons de couleur pour colorier un dessin au trait

    Objectif technique principal :

    Utiliser des crayons de couleur pour colorier un dessin au trait

    Compétences du programme : Utiliser des techniques traditionnelles de dessin.

    Matériel : -Un papillon par élève imprimé sur du papier machine (2 papillons par feuille)

    -crayons de couleurs correctement taillés, de préférence assez gras (les traits doivent avoir une couleur vive et être visibles de loin même si l'on n'appuie pas trop)

    Organisation de la classe : Classe entière face au tableau.

     1. Présentation du projet et d’un modèle

    (5 minutes)

    • Après l’étude de la poésie, expliquer que chaque élève aura « son papillon » affiché aux côtés des autres dans la classe.
    • Montrer alors le papillon à colorier (Télécharger) ainsi que deux modèles, l’un colorié correctement, l’autre dans lequel les couleurs ne sont pas symétriques, les traits très appuyés, dépassant des contours … Demander aux élèves si les deux papillons pourraient être affichés dans la classe et pourquoi.
    • Faire formaliser les consignes :

    -        Respect des contours (une zone par couleur, ne pas dépasser )

    -        Respect de la symétrie (même couleur sur une aile et sur l’autre)

    -        Soin (les traits ne doivent pas se voir)

    • Pour cette dernière consigne, l’enseignant doit montrer au tableau le geste à reproduire : passer le crayon toujours dans le même sens (de préférence en diagonale) et sans trop appuyer, « comme si on caressait le papier »

    2. Mise au travail

    (15 minutes)

    • Préparer le matériel : Vérifier que les élèves n’aient rien d’autre sur leur bureau que leur papillon et 4 crayons de couleurs différentes par table.
    • Répéter la consigne et préciser que les élèves qui ont terminé doivent demander à l’enseignant de venir et de valider leur travail, avant de découper (l’usage des ciseaux fera l’objet d’une séance plus tard, ici il s’agit de constater ce qu’ils savent déjà faire, on pourra donc découper à la place des plus malhabiles) puis de fixer le papillon sur l’affiche.
    • Mettre les élèves au travail
    • Les élèves ayant terminé les premiers peuvent prendre un autre coloriage inspiré d’un tableau célèbre.

    3. Rangement et bilan

    (5 minutes)

    • Les élèves volontaires expliquent à la classe quel est leur papillon et comment ils l’ont réalisé. On peut les pousser à expliquer pourquoi ils ont choisi ces couleurs ou ce qu’ils ont trouvé le plus difficile.

     

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  • Arts visuels Période 1, Séquence 1 : Tenir un crayon un papier pour dessiner au trait

     

    Ça y est, nos élèves sont en face de nous, ils rentrent tout juste de leurs vacances d’été, ils sont frais (hahem) et leur trousse est toute pleine de matériel flambant neuf (hahem, hahem,… ) qu’ils ne savent pas forcément utiliser…

     

    C’est l’occasion d’apprivoiser leur ami le crayon… On peut faire une petite séance de découverte du monde sur ce sujet, mais ensuite il s’agit de parvenir à le tenir correctement pour faire des merveilles avec, et là ça se corse…

     

    C’est le moment de remarquer que la pratique artistique permet dès le départ de renforcer d’autres apprentissages scolaires, puisqu’une tenue du crayon correcte est indispensable pour écrire vite et bien (et que l’apprentissage de l’écriture cursive est jusqu’à présent une priorité du cycle 2 !)

    Or, pour dessiner, une bonne position est encore plus importante que pour écrire puisque l’on doit pouvoir maîtriser ses gestes, et donc son trait, dans toutes les directions.

     

    Pour plus de renseignements, on peut se référer à cet article :

     

    http://dessinoprimaire.blogspot.fr/2012/01/utiliser-un-crayon-cela-parait-evident.html

     

    et au suivant :

     

    http://dessinoprimaire.blogspot.fr/2012/01/comment-utiliser-un-crayon-episode-2.html

     

    Trêve de bavardages, passons au déroulement de la séquence. Pour cette fois j’ai énormément détaillé, parce que c’est la première séance de l’année et qu’à la rentrée, j’ai toujours l’impression d’avoir complétement oublié mon métier. J’ai choisi de tout mettre dans un tableau pour que ça donne une jolie fiche que je pourrai mettre telle quelle dans mon beau classeur de prép…

     

    Petite précision suite aux remarques "du professeur" : J'ai choisi une œuvre en couleur simplement pour que ça "fasse joli" : On est au début de l'année, les élèves sont encore petits, leur travail doit être affiché toute l'année à l'entrée de la classe... Or, la première fois que j'ai eu des CP-CE1, j'ai fait la bêtise de leur faire faire un dessin au crayon à papier pour cette séance -Je n'avais pas choisi ce dessin de Cocteau- , le résultat était grisâtre et les élèves assez déçus et peu investis dans leur travail (par ailleurs je n'avais pas non plus assez insisté sur le fait que le dessin devait prendre toute la page, certains m'avaient rendu des gribouillis minuscules dans un coin du rectangle, j'ai donc renoncé à utiliser ces travaux et je me suis servie d'autre chose pour faire les pancartes des porte-manteaux)

    En revanche, je limite le nombre de couleurs parce qu'à cet âge, je sais qu'ils utiliseraient tous le maximum de crayons parce que " plus il y en a, plus c'est beau " et qu'ils seraient fiers de montrer à leurs copains combien ils ont de nuances différentes de verts dans leur trousse. Le résultat esthétique en pâtirait et ils auraient d'autant plus de mal à limiter le nombre de traits dans le dessin, qui se veut très simple.

     

    Arts visuels, S1 : Dessiner une affichette pour son porte-manteau

    Objectif technique principal : Tenir un crayon pour dessiner au trait

    Compétences du programme : Utiliser des techniques traditionnelles de dessin.

    Matériel : -Papier à dessin grain fin (du papier machine suffit tout à fait pour cet exercice) format A5 ou A6 en fonction de l'espace disponible sous chaque porte-manteau.

    -crayons de couleurs correctement taillés, de préférence assez gras (les traits doivent avoir une couleur vive et être visibles de loin même si l'on n'appuie pas trop)

    Organisation de la classe : Classe entière face au tableau.

     

    1. Observation d’une œuvre

    (5 minutes)

     

    • Présenter une reproduction du dessin de Cocteau, sans légende, aux élèves.

    En fonction du matériel disponible, on peut projeter l’image, en afficher une reproduction grand format ou encore faire passer une reproduction petit format dans les rangs (cette dernière solution est à éviter en ce début d’année, surtout dans les classes ou « faire passer quelque chose dans les rangs » est un concept encore bien mystérieux)

    • Poser quelques questions sur ce que les élèves voient :

    -Si les élèves sont lecteurs, leur faire déchiffrer les inscriptions.

    -Est-ce que cette image est une photographie, une peinture, une sculpture,… ?

    -Qu’est-ce qui est représenté ici ?

    -Quelles couleurs ont été utilisées ?

    Une fois que les couleurs ont été listées faire remarquer, si les élèves ne le font pas spontanément, qu’il n’y a pas de « coloriage » dans ce dessin et que l’artiste s’est uniquement servi de quelques traits de couleurs.

     2. Présentation du projet

    (15 minutes)

     

    • Sortir l’affichette (Télécharger l'affichette sur le dessin au trait) et expliquer que ce dessin a été fait par Jean Cocteau pour un de ses films dont le titre était « le testament d’Orphée » .
    • Présenter le projet : « Vous n’allez pas faire une affiche de film, mais utiliserez aussi des traits aux crayons de couleurs pour vous représenter. Chaque dessin sera affiché sous un porte-manteau pour qu’on puisse reconnaître rapidement vos affaires. Attention, il faudra vous appliquer vraiment puisque ce dessin restera affiché toute l’année à l’entrée de la classe !
    • Montrer un exemple :

    Arts visuels Période 1, Séquence 1 : Tenir un crayon un papier pour dessiner au trait

    Puis donner explicitement les consignes :

    -       On ne tracera que des traits, des contours qu’on ne remplit pas (pas de coloriage)

    -       On se représente de profil comme sur l’affiche de Cocteau ou de face si on préfère. (rassurer tout de suite les enfants : On leur demande un dessin très simple comme ils savent faire, ça ne doit pas être ressemblant comme une photographie ! )

    -       On dessine un objet qui représente ce qu’on aime faire (si Toto aime se promener dans la forêt, il peut dessiner un arbre, si Lulu préfère jouer au foot, elle peut dessiner un ballon)

    -       On utilise TOUTE la feuille (bien insister sur ce point et montrer alors un second modèle « raté » pour faire comprendre à chacun pourquoi c’est important)

    Arts visuels Période 1, Séquence 1 : Tenir un crayon un papier pour dessiner au trait

     

    -       On écrit son prénom en haut de la feuille et son nom de famille en bas (si les élèves n’en sont pas encore capables, c’est l’enseignant qui le fera ) on peut y rajouter un petit symbole comme une étoile sur l’affiche.

    • Pour faire ce type de dessin, il faudra d’abord s’entrainer à tracer correctement des traits. Les élèves doivent donc avoir à disposition une feuille de brouillon et un seul crayon .
    • Laisser quelques instants aux élèves pour s’entrainer en leur faisant d’abord faire des gestes dans l’espace, en profiter pour corriger les mauvaises positions et pour faire si besoin quelques exercices de « détente du poignet » ( par exemple, un élève « prête » son bras à son voisin, il doit être tellement détendu que son poignet doit rester bien souple, mais il doit pouvoir garder le crayon dans sa main)
    • Sur le brouillon, les élèves doivent ensuite faire « tous les traits qu’ils veulent ». L’enseignant trace alors au tableau des traits en insistant sur la façon dont elle les trace : ne pas lever le crayon avant la fin de la ligne, ne pas trembler, donc faire plusieurs fois le trait au brouillon avant de le faire "pour de bon" et aller assez vite pour ne pas hésiter. Terminer en traçant une silhouette de profil au tableau tout en faisant suivre du doigt aux élèves la ligne de leur propre profil en verbalisant le tracé... "la racine des cheveux -c'est à partir de là que commence le visage- puis front assez plat, le petit creux avant le nez qui part vers l'avant avant de revenir tout d'un coup vers le visage, une autre zone plate puis les lèvres qui ressortent un peu, mais pas tant que ça, le menton rebondi, le dessous de la tête et enfin le cou..." insister alors sur le fait que cette ligne est continue, qu'elle ne s'interrompt pas et que par conséquent, on ne lève pas son crayon tant qu'on n'est pas arrivé au cou ! Faire remarquer aussi la forme générale de ce visage de profil, si besoin en "ratant" encore une fois son dessin :

    Arts visuels Période 1, Séquence 1 : Tenir un crayon pour dessiner au trait

    On peut ainsi demander aux élèves d'observer deux lignes comme celles ci-dessus et de dire laquelle ressemble le plus à un visage de profil et pourquoi.

    • Il faudra refaire individuellement cette démonstration pour certains élèves à qui la première explication ne suffira pas. Montrer quelques productions ensuite au reste de la classe pour formaliser ce qu'ils viennent d'éprouver :

    -       qu’on peut faire des lignes droites ou courbes

    -       qu’on ne peut pas gommer le crayon de couleur (il faudra donc être sûr de soi au moment de réaliser son affichette)

    -       qu’il faut appuyer assez fort pour que les couleurs se voient de loin, mais pas trop pour ne pas casser la mine

    -       que le crayon doit être très bien taillé

    3. Mise au travail

     

    (15 minutes)

    • Les élèves ne doivent plus avoir sur leur table que 4 crayons bien taillés de couleurs différentes ainsi qu’un crayon noir pour écrire (faire vérifier à tous que les mines sont « bien pointues » ) et éventuellement un taille crayon. Rappeler qu’on ne pourra pas gommer.
    • distribuer les feuilles déjà découpées aux bonnes dimensions, en prévenant bien les élèves qu’ils n’en ont qu’une chacun (même si on aura pris soin d’en avoir quelques unes en réserve, au cas où… ) ils peuvent toujours s'entrainer à dessiner ce qu'ils veulent sur leur feuille de brouillon avant de passer au dessin final.
    • rappeler les règles de la classe : On reste à sa place, si on a besoin d’aide, on lève la main, on reste silencieux,… Rappeler ce que les élèves peuvent faire s’ils ont terminé, en fonction de l’organisation choisie dans la classe) puis laisser les élèves dessiner après avoir répété la consigne une dernière fois (le modèle reste au tableau)
    • Passer dans les rangs pour rassurer, encourager, corriger une tenue du crayon encore maladroite,…
    • Certains élèves risquent d’avoir terminé très rapidement ce premier travail, il faudra donc avoir prévu une autre activité pour eux. On peut par exemple leur laisser de quoi faire un dessin au trait libre pour qu’ils s’entrainent un peu plus.

     

    4. Rangement et bilan

    (15 minutes)

    • Ramasser les feuilles ( en vérifiant qu’il n’en manque aucune et que tous les prénoms y figurent de façon lisible ) qu’il faudra ensuite plastifier et afficher.
    • Demander à un élève volontaire d’expliquer ce qu’ils viennent d’apprendre.
    • Laisser quelques instants à des élèves volontaires pour décrire leur dessin à la classe.

     

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