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Progression cycle 2 en arts visuels (2) Les aspects pratiques
Les horaires
Cette progression est faite pour une année scolaire, donc 36 semaines.
Je trouve qu’une séance d’arts plastiques hebdomadaire est un bon rythme, je la place le plus possible à la fin de la semaine, quand les enfants sont fatigués et que c’est un peu « la récompense » quand tout ce qui était prévu avant a été fait correctement.
Je leur ai jusqu’ici donné l’habitude du vendredi après-midi, de préférence avant la récréation… cela permet d’avoir le temps de ranger sans risquer de faire sortir toute la classe en retard, car dans le pire des cas je rogne sur le début de la récréation, ce qui est très motivant pour en faire des pros du ménage en 3 minutes chrono…
Évidemment, rien n’est si simple dans la réalité, on ne peut presque jamais faire dans l’année 36 séances tranquillement, à heure fixe et sans jamais en annuler une seule. De plus, l’année prochaine se profilent des après-midi de 13H45 à 16h00 sans récréation, là où auparavant nous avions cours de 13h30 à 16h30 avec une coupure d’un quart d’heure à 15h00… J’envisage donc, si je n’ai pas d’intervention sur cet horaire (EPS, projet théâtre, …) , de conserver mon créneau du vendredi après-midi et d’offrir un temps calme assez libre aux élèves une fois la classe remise en ordre à l’issue de la séance. Il s’agira peut être d’un temps d’ateliers où je donnerai le choix aux élèves entre dessin libre à légender si on veut les afficher dans la classe, coloriages (attention, chez moi pas de Disney princesse ou de Pokemon ! ) et jeux de construction.
Les programmes 2008 prévoient 9 heures par semaine au cycle 2 d’enseignement « hors français et mathématiques », parmi lesquelles 81 heures de « pratiques artistiques et histoire des arts ». Ces heures regroupent les arts visuels et l’éducation musicale.
Si on compte 45 minutes hebdomadaires de musique, ( 81 – (0,75 X 36) = 54 ) il nous reste 54 heures d’arts visuels sur l’année… On peut donc faire environ une heure et demie par semaine d’arts plastiques en moyenne.
Je considère qu’il est raisonnable d’envisager « seulement » une trentaine de séances au lieu des 36 théoriques… Comme ces comptes restent approximatifs puisque les horaires imposés ne tiennent pas compte des récréations, je crois qu’on retombe à peu près sur nos pattes. L’important restant toujours de ne pas sacrifier les horaires dévolus strictement au français ou aux mathématiques : même si le but est que ce qu’on apprend dans ces séances viennent renforcer les « fondamentaux », la priorité du cycle 2 reste la lecture et le calcul !
Le déroulement d’une séquence type
J’ai pris l’habitude, quel que soit le niveau d’ailleurs, de suivre à peu près toujours ce déroulement pour une « séquence » (je mets le mot entre guillemets parce que chez moi, une séquence peut ne faire qu’une ou deux séance, et rarement plus de trois)
- Présentation d’une œuvre
Ce peut être aussi plusieurs œuvres (je demande alors aux élèves de deviner pourquoi je les leur montre ensemble, quels sont leurs points communs ou ce qui les oppose) ou parfois un « modèle » que j’ai préparé à l’avance pour eux.
Dans tous les cas, je prends un petit moment pour les laisser regarder, poser des questions et décrire ce qu’ils voient.
Après cette découverte, je leur présente succinctement moi-même ce qu’ils viennent de voir. Cela prend la forme d’une affichette comme celle-ci :
En fonction de ce qui a le plus intéressé les élèves mais aussi de ce que j’ai prévu pour la suite, j’insiste plutôt sur tel ou tel aspect de ce que je leur montre, et j’en profite souvent pour glisser une anecdote sur l’artiste ou son époque parce que cela leur permettra de s’en souvenir plus facilement.
Je prends aussi quelques secondes pour montrer ou faire désigner par un volontaire l’époque de laquelle date l’œuvre sur la frise chronologique de la classe.
Il n’est pas question de faire apprendre par cœur quoi que ce soit ensuite, mais simplement de poser quelques jalons. Tant pis si l’année suivante, devant un Picasso, les élèves se souviennent vaguement d’avoir vu ce tableau mais ne se rappellent pas le nom du peintre, ils l’auront au moins « oublié une première fois » ce qui ne peut pas leur faire de tort.
Au fur et à mesure de l’année, les élèves acquièrent quelques habitudes, ils sauront décrire plus précisément ce qu’ils voient.
Par exemple « y a une dame sur l’image » ou même « c’est un art » (oui oui… ) deviendra progressivement « C’est une peinture/un tableau » « C’est le portrait d’une femme ». Puis les élèves pourront exprimer plus précisément ce qu’ils trouvent remarquable dans l’image (« celle là elle est plusse jolie par rapport à celle là l’autre de l’autre jour, on voit mieux », « même pas vrai, l’autre elle était mieux y avait des couleurs » devrait se transformer en « L’image ressemble plus à une photo que la dernière fois, c’est plus ressemblant » , « Oui, mais moi je préférais les couleurs vives qu’on avait vues chez Picasso » )
Leur vocabulaire mais aussi leur syntaxe et même plus largement la cohérence de leur pensée devrait se préciser peu à peu, même si ce n’est pas simple lorsque l’on part de très loin et que l’on a seulement 24h par semaine, récré comprise pour apprendre à ce petit monde les bases de l’expression orale, écrite et plastique…
2. Présentation du projet
Je termine la présentation de l’œuvre en résumant moi-même au début de l’année ce qu’ils ont appris puis, après quelques séquences, en leur demandant de dire, en une phrase, ce qu’ils viennent d’apprendre. J’enchaine en leur présentant ce que nous allons faire sur le même thème, en utilisant une technique semblable par exemple, ou en représentant à notre tour un portrait, un paysage, une nature morte,… Je rends toujours explicite le lien entre ce qui a été vu et ce qui sera fait, mais en ne faisant pas semblant de croire qu’ils vont « peindre comme Léonard de Vinci » ou « sculpter comme Rodin » ni même « faire des rayures à la manière de Buren ». Je leur dis plutôt « à l’école, nous ne sommes pas de grands artistes qui avons appris notre métier depuis des années, nous n’avons pas autant de matériel ni autant de temps devant nous, mais nous allons aussi faire un portrait / utiliser des aplats de couleur / modeler une figurine / … »
Au bout d’un moment, les élèves arrivent à savoir assez vite où je veux en venir, et formulent dès la première étape des hypothèses sur « ce que la maîtresse va nous faire faire ». Il m’arrive même parfois de leur demander explicitement ce qu’ils voudraient réaliser ensuite à la fin de la discussion.
Je leur présente alors :
a) La consigne générale ( ce à quoi ils doivent parvenir )
b) le matériel nécessaire (si certains outils ont déjà été utilisés, je demande aux élèves eux-mêmes de rappeler la façon dont on s’en sert)
c) les grandes étapes de réalisation
d) Les « règles d’or » de la classe en art plastique (le soin accordé à son travail et aux outils du travail scolaire, la discipline nécessaire pendant le travail, l’obligation de ranger les lieux par la suite)
3.Mise en activité
C’est la partie la plus longue de chaque séance et de chaque séquence : la mise en activité peut prendre plusieurs séances au cours d'une même séquence. Comme c’est la suite logique de ce que j’ai déjà écrit, je n’ai pas grand chose à en dire.
On peut facilement partager la classe pendant ce temps là et en profiter pour faire par exemple de la lecture en petits groupes pendant que les camarades s’affairent sur leur réalisation plastique… L’inverse (l’enseignant reste auprès des élèves qui patouillent pendant que les autres font des exercices d’application en français ou en mathématiques) est tout à fait possible également, surtout en cas d’activités qui sont sources de taches, demandent la surveillance constante d’un adulte ou ne sont pas réalisables en classe entière en raison du manque de matériel (par exemple si on a seulement 5 emporte-pièces pour réaliser un objet en terre, on ne peut pas faire l’activité avec 25 élèves en même temps ! )
Cependant, mes séances d’arts visuels se passent tout de même la plupart du temps en classe entière, pour des raisons pratiques (salles de classe petites, activités qui peuvent produire de l’agitation surtout si on laisse les enfants « en autonomie ») mais aussi parce que c’est l’occasion de rester tous ensemble sur un même travail, ce qui me paraît toujours sympathique surtout les années où on a un cours multiple, et parce que ça permet des moments plutôt calmes une fois que l’activité est lancée (si si, on peut faire de l’art plastique dans le silence, c’est très reposant pour tout le monde d’ailleurs)
4. Bilan
La conclusion de la séquence se fait soit juste après le rangement de la salle, soit un peu plus tard si le travail doit sécher par exemple. Je montre à la classe certains travaux et je demande aux volontaires de réexpliquer ce qu’ils ont fait et pourquoi. Ils ont le droit de dire ce qu’ils ont trouvé facile ou plus compliqué, ce qu’ils pensent avoir réussi ou pas, et de pointer les différences entre les résultats obtenus. En revanche, on ne dénigre pas le travail des autres, ni le sien. Si une consigne n’a pas été respectée, on peut le faire remarquer mais de façon respectueuse, et lorsque ce non respect a compromis la qualité du résultat, on doit toujours expliquer comment on pourrait corriger le résultat (par exemple, si la feuille de Toto est gondolée, on devra lui dire que c’est parce qu’il n’a pas écouté les conseils et a utilisé trop d’eau, et qu’à présent il peut essayer de faire sécher son travail sous un dictionnaire par exemple, que la prochaine fois il doit essayer d’utiliser moins d’eau, ou de prendre un papier plus épais, qu’il peut enlever l’excèdent de liquide avant qu’il n’imprègne le papier avec un chiffon ou un peu d'essuie-tout,… )
Gestion de l’espace, du matériel et du rangement.
Je voudrais que cette progression puisse être adaptée à peu près à toutes les configurations de classe de cycle 2 sans qu’il y ait besoin d’une tonne de matériel, d’une salle spéciale ou d’un adulte supplémentaire (ça tombe bien, je n’ai rien de tout cela pour le moment)
Je choisirai donc en priorité des activités qui ne réclament pas trop d’investissement, avec du matériel basique, puisque de toutes façons se servir d’un crayon et d’une paire de ciseau sera bien plus utile aux élèves que d’avoir pu toucher une fois dans sa vie un gadget compliqué et hors de prix (même si dans la vie, j’aime bien baver devant tous les bidules des boutiques de beaux arts ^^)
Il faut aussi que les élèves s’habituent rapidement aux « règles d’or » de la classe, dont j’ai déjà un peu parlé :
- Pendant une séance d’arts plastiques, on est quand même en classe, donc on respecte les mêmes règles que quand on fait du français ou de la découverte du monde (ça paraît évident comme ça ? ça ne l’est jamais pour mes élèves… ) donc on ne se lève pas sans autorisation, on ne se met pas à discuter avec son voisin de derrière même si c’est pour lui montrer ce qu’on est en train de faire ( les copains pourront admirer notre joli dessin peu après au moment du bilan ) , on lève la main si on a besoin d’aide,…
- C’est la maîtresse qui décide du moment où on lance d’activité ou du moment où on en change, donc on répond IMPERATIVEMENT à son signal (il faut donc déterminer ce signal avant et ne pas hésiter à interrompre l’activité si la classe ne réagit pas)
- Si besoin, on déplace les tables et les chaises le plus silencieusement possible : Cela demande un peu d’entrainement et il faudra faire soi-même la démonstration les premières fois… et tout ce qui a été déplacé doit être replacé à la fin de la séance.
- On nettoie et on range le matériel utilisé dès la fin des travaux pratiques, après avoir écouté les instructions de la maîtresse : on ne nettoie pas un pinceau n’importe comment par exemple, il y a une façon particulière de le rincer et de l’égoutter, et un endroit où ils doivent être rangés ensuite.
Je pense qu’il faudra que je formalise un peu plus toutes ces règles une fois que j’aurai avancé dans la progression en elle-même. En pratique on arrive à faire prendre de bonnes habitude même à des élèves difficiles (cela dépend des classes car il y a deux ans j’avais bien du mal à ce que mes élèves respectent les bases de la vie en société que ce soit en classe ou à la récréation, et leur faire faire de la peinture était vraiment une épreuve, mais c’était vraiment une classe particulière) mais il faudrait tenir compte également dans la progression du temps demandé pour le nettoyage et le rangement, en évitant de faire des choses très salissantes ou demandant beaucoup de matériel au cours des premières semaines si possible.
Tags : classe, eleves, seance, matériel, art
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Commentaires
2*Kati*Mercredi 4 Juin 2014 à 19:39Merci!
Tu es très claire et ton article devrait bien rendre service aux instit's qui négligent de faire "arts visuels" (je préférais "arts plastiques"...) avec leurs élèves... par crainte de tout ce que cela risquerait d'engendrer!
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Mais ça va être super, tout ça ! Il n'y aura plus qu'à... Merci Phi !