• Jean-Pierre Terrail ou l'école de l'exigence pour tous

    Mardi dernier, j'assistai à la présentation du dernier livre de Jean-Pierre Terrail intitulé Pour une école de l'exigence intellectuelle

    Jean-Pierre Terrail ou l'école de l'exigence pour tous

    L'argument paraissait alléchant et faisait écho à mes propres préoccupations.

    Je me suis donc rendu à la présentation du livre en présence de l'auteur le 16 février dernier. Malheureusement (ou pas) mes contraintes familiales et professionnelles ont fait que je suis arrivée sans avoir de quoi prendre de notes et que je fus obligée de partir avant la fin du débat.

    Cependant, voici ce que j'ai retenu de cette soirée. Je ne ferai pas de compte-rendu fidèle et je me contenterai de quelques considérations générales.

    Le "changement de paradigme" auquel appelle fort justement à mon sens Jean-Pierre Terrail est loin de faire consensus dans le monde de l'éducation. Il s'agit d'affirmer que les enfants qui rentrent dans le système éducatif ayant tous les mêmes capacités, l'école se doit de leur apporter à tous une instruction exigeante sans considérer leur milieu social d'origine. Or, nombre d'enseignants auront tendance à considérer que les "handicaps socio-culturels" que leurs élèves auront accumulés rendent la tâche impossible. Ils penseront que le mieux est de "simplifier le programme" pour les élèves issus de milieux modestes (assimilés fatalement aux élèves en difficulté)

    Une des interventions du public après le discours des intervenants de la soirée a d'ailleurs consisté à déplorer que les programmes ne soient pas du tout en train d'être simplifiés comme le disait Jean-Pierre Terrail mais bien trop complexifiés, en particulier en français. Les programmes insistent beaucoup sur des notions métalinguistiques qui perdent les élèves.

    Pour ma part, je considère que la question n'est pas "les programmes sont ils trop simples ou trop complexes?" mais la façon dont ils sont conçus. Les élèves ont à la fois "l'impression de refaire tout le temps la même chose" comme le déplore J-P Terrail, mais dans le même temps, on les perd dès l'école élémentaire en insistant trop souvent sur des notions hors de leur portée plutôt que sur les règles fiables, sur ce qui est fréquent plutôt que sur ce qui est régulier, rassurant, facile à maitriser. C'est ainsi qu'on fait apprendre quelques verbes irréguliers parmi les plus courants plutôt que d'insister sur les régularités de la conjugaison. Qu'on enseigne plus volontiers le passé composé que le futur simple, qu'en mathématiques on n'enseigne pas conjointement les 4 opérations, ...

    À la question de Marcel Gauchet: "fort bien,
    mais comment pensez-vous faire ?" il ne fut pas répondu.

    D'une façon générale, il fut très peu question de moyens concrets de mettre en œuvre cette école exigeante pour tous. Une des seules idées évoquées : mettre dans les classes
    primaires un maître de français et un de math. C'est une vieille
    proposition dont la mise en œuvre en France ne semble ni possible ni souhaitable.

    Pas possible, ne serait-ce que parce que les enseignants du primaire en France actuellement ont quasiment tous une formation littéraire. Tant que les conditions de travail et l'image de notre métier n'évolueront pas, il sera difficile de recruter des professeurs des écoles scientifiques en nombre suffisant.

    Pas souhaitable, parce qu'à mon humble avis c'est justement la richesse de l'école primaire de pouvoir mettre en synergie les différents apprentissages et de ne pas cloisonner trop tôt les disciplines. Il m'a d'ailleurs semblé étonnant  que Stella Baruk, qui était dans l'assistance et a pris la parole, n'ait pas évoqué ce point essentiel : Une bonne partie des difficultés des élèves en mathématiques provient de difficultés de langage.

    Le statut de la maternelle qui devrait permettre d'éviter l'apparition des fameux "handicaps socio-culturels" au lieu de se battre avec par la suite m'a paru aussi un peu trop ignoré au cours de la soirée.

    Jean-Pierre Terrail ou l'école de l'exigence pour tous

    Il ne me reste plus qu'à lire l'ouvrage de monsieur Terrail pour savoir si la réponse à mes interrogations s'y trouve davantage que dans ce qui s'est dit la semaine dernière (mon travail et ma situation personnelle ne m'en ont guère laissé le temps jusqu'à présent.)

     

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  • Commentaires

    1
    Gelsomina31
    Mardi 23 Février 2016 à 06:44

    Article intéressant qui donne envie de savoir ce que tu auras pensé du livre quand tu l'auras lu... ;)

    Personnellement, je suis encore dans les ouvrages de Maria Montessori et de Catherine Huby donc, le Terrail attendra un peu.

    Merci pour ta présence à ces conférences parisiennes (comme celle de Céline Alvarez) auxquelles nous ne pouvons pas tous assister et pour les comte-rendus que tu en fais!

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