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    Le dessin, la maternelle et la liberté

    Cahier de dessin libre rempli chaque jour

     

    Voici un article que j'ai promis à beaucoup de gens depuis bien longtemps.

     

    En effet, on me demande assez souvent si on peut adapter à d'autres classes le travail que j'ai presque fini de mettre en ligne pour le cycle 2...

    Or, on peut aisément utiliser cette progression pour des élèves plus âgés. J'ai reçu plusieurs témoignages d'enseignants de cycle 3 qui faisaient faire les activités proposées même en CM2 avec succès. Il faut dire que les élèves sont plus vieux mais qu'ils ont rarement eu beaucoup l'occasion de s'exercer, et qu'il suffit d'être un peu plus exigeants et de proposer des plages horaires un peu plus longues.

    En revanche, je suis très réservée quant au fait d'adopter une progression quelle qu'elle soit en maternelle, du moins avant la grande section.

     

    Truisme : un enfant de 3 ans, ce n’est pas un enfant de 7 ans…

     

    Le dessin, la maternelle et la liberté

    début de Petite section

    Truisme? pas forcément, on décline bien désormais les mêmes items pour des petits enfants de 6 ans qui entrent au CP et des jeunes adultes de 18 qui préparent leur bac...

    Lorsqu’on devient enseignant, personne ne vous informe actuellement sur les grandes étapes du développement de l’enfant. Or, s’il est simple de prolonger le travail d’observation et de pratique au delà de 7 ou 9 ans, il n’est au contraire pas du tout évident de demander à des bébés de 3 ou 4 ans d’aller plus vite que la musique. Un petit qui rentre à l’école maternelle ne fonctionne pas comme un plus grand et ce n’est pas par hasard que l’âge de l’entrée dans la grande école et dans le monde de l’écrit se situe un peu partout dans le monde aux alentours de la perte des dents de lait, vers 6 ou 7 ans. S’il est parfois tentant de penser que l’immaturité des jeunes est le fait de leur absence de culture scolaire et qu’en appliquant plus tôt les méthodes qui fonctionnent avec les plus âgés on pourra « prendre de l’avance », force est de constater que ça n’est pas très efficace, parce que l’on ne peut pas faire abstraction de la façon dont le petit humain se construit.

    Un enfant de moins de 7 ans, comment ça marche, donc ? Plus précisément, comment ça dessine ?

     

     De grands noms (Kergomard, Montessori et Freinet pour ne citer que les trois plus connus en France actuellement) se sont penchés sur la question bien avant les apports récents des neurosciences et des psys modernes, qui ont le mérite actuellement de rappeler et de confirmer leurs observations.

     

    L’objet de ce billet étant la pratique du dessin à la maternelle, je vais résumer très grossièrement les grandes étapes du développement des capacités graphiques chez les tout-petits.

     

    Le dessin, la maternelle et la liberté 

    milieu de petite section

     

    • Avant 18 mois environ, le bébé a très peu conscience de laisser des traces. C’est le geste qui prime. Il s’entraine à manipuler les crayons comme les autres petits outils à sa portée.
    • A mesure que son habileté manuelle se renforce, ses gestes se font plus sûrs. Les premiers gribouillis apparaissent sous forme de lignes tremblotantes puis de tourbillons.
    • Vers 2 ans l’enfant est fier de montrer ce qu’il a produit. Avant 4 ans cependant on observe souvent des tourbillons, balayages ou points qui ne sont pas encore figuratifs mais auxquels l’enfant fait correspondre de façon apparemment arbitraire des membres de sa famille, des animaux et parfois même des histoires plus complexes. En général il affirme avoir représenté des figures auxquelles il est très attaché (famille, maison, animaux de compagnie, etc. )
    • Progressivement le répertoire graphique se diversifie, on voit apparaître des tourbillons, « des gestes d’essuie-glace » (balayages) plus ou moins larges, des points, des ellipses qui se ferment de plus en plus… Vers 3 ans apparaissent les premiers « bonshommes » d’abord souvent sous forme de visages primitifs puis de « hérissons » (forme fermée ornée « d’antennes » vers l’extérieur). On arrive ensuite au fameux stade du « bonhomme têtard ». C’est à ce moment également que l’enfant va commencer à colorier les formes fermées qu’il dessine. Il parvient alors à une plus grande maîtrise du coloriage que lorsqu’on lui fournit essentiellement des supports extérieurs à remplir de couleurs.
    • C’est fréquemment après l’apparition de ces premiers bonshommes que le petit enfant découvre qu’il peut représenter le monde et que les dessins figuratifs se font de plus en plus variés et personnels.
    • Si l’enfant est bien accompagné, ses productions deviennent de plus en plus riches jusqu’à un moment de découragement « normal » généralement atteint vers 8 ans, lorsqu’il constate un décalage trop élevé à son goût entre ce qu’il veut représenter et ce qu’il est capable de faire… C’est une autre histoire, mais il s’agit toujours d’avoir connaissance de ces étapes pour ne pas risquer de bloquer durablement le développement naturel de l’enfant.

     

     Le dessin, la maternelle et la liberté

    En fin d'année scolaire, les dictées à l'adulte qui accompagnent les dessins deviennent de plus en plus longues et complexes

     

    Évidemment, tout le monde n’évolue pas de la même façon ni au même rythme. Ce que je viens d’exposer permet simplement d’avoir en tête les grandes lignes de la façon dont les capacités sensorielles, motrices et affectives se développent chez le petit humain pour passer du gribouillis initial du bébé au dessin abouti du grand prêt à entrer dans le monde de l’écrit. Ce sont des étapes qui se retrouvent chez la quasi totalité des enfants autour des mêmes âges.

    L’évolution des dessins des enfants est certes un indicateur du développement de leurs capacités mais il est surtout l’occasion de les construire et de les renforcer. Il est indispensable que les petits exercent régulièrement leurs nouveaux talents, c’est ainsi que leurs yeux, leurs mains, leur cerveau deviendront plus habiles. Le dessin à la maternelle ne doit donc pas être vu comme évaluation mais comme formation continue. (Cela est valable à mon sens pour l’ensemble des activités proposées dans les classes enfantines.)

     

    Comment accompagner le développement des capacités de l’enfant pour le dessin ?

     

    Le travail des adultes avec les enfants de maternelle peut parfois sembler frustrant. On a l’impression de ne rien faire, de ne rien pouvoir leur faire faire de "beau" et la tentation est grande de faire à leur place, de vouloir trop les guider ou de leur imposer des étapes successives précises pour obtenir une production satisfaisante pour les parents et le personnel de l'école, en oubliant que l’important à cet âge est plus le cheminement que le résultat.

     

    Les capacités à développer en milieu scolaire entre 3 et 5 ans à l’école maternelle, à mon avis, sont principalement l’éveil sensoriel, culturel et le renforcement de la dextérité manuelle.

     

    • l’éveil sensoriel : il est favorisé dans les activités « d’arts visuels » à l’école chaque fois que les adultes encouragent les enfants à observer leurs productions, celles des camarades ou des œuvres d’art, ce qui rejoint le point suivant. C’est pourquoi Freinet insistait énormément sur l’importance des musées de classe, des publications dans les journaux de classe ou dans les revues comme l’art enfantin. Ses considérations sur les techniques de reprographie sont désormais obsolètes mais la démocratisation des scanners, appareils photos numériques et photocopieurs devrait nous permettre de faciliter l’observation par les enfants des travaux des autres à un âge où se construit en eux "la théorie de l'esprit". Pour les enfants très jeunes, il faut surtout verbaliser avec eux, sans forcément les forcer à parler eux-mêmes mais en valorisant leurs paroles, en insistant sur des observations de plus en plus fines et en employant un vocabulaire de plus en plus précis et riche.

     

    • l’éveil culturel : Il est plutôt marginal dans les petites classes mais il est possible de choisir des œuvres appropriées du patrimoine pour les présenter aux élèves et servir de supports d’observation qui seront au moins aussi riches que des images d’albums jeunesse. L’important est de ne pas oublier l’âge des élèves et donc de ne pas prolonger les moments d’observation, de ne pas en faire des prétextes à des leçons indigestes et de laisser la parole aux élèves plutôt que de les encadrer trop (voir à ce sujet la conférence de G. Peroz sur la façon d'organiser les moments de paroles collectifs en maternelle  ) Le nom de l’artiste et surtout la précision qu’il est peintre, sculpteur ou encore photographe, une petite anecdote à leur portée éventuellement… et ça suffit.

     

    • la dextérité manuelle : En maternelle, on patouille. On gribouille, on barbouille, on malaxe la pâte à modeler et se faisant on muscle ses petits doigts et on apprend ainsi sans douleur et sans même s’en apercevoir à s’en servir. C’est pourquoi il faut le faire quotidiennement et librement. Un bricolage imposé une fois de temps en temps, c’est trop peu pour exercer sa motricité fine. De plus, 10 minutes de patouille libre surpasseront toujours toutes les fiches de graphisme imposées du monde, et ce à tout niveau. Le rôle de l'adulte accompagnant est alors principalement d'encourager, d'arrêter les gestes malencontreux (dangereux ou salissants) de reprendre la tenue du crayon ou des autres outils le cas échéant (en empêchant surtout que l'outil scripteur soit confondu avec un marteau ou une pioche chez les plus jeunes ! ) et d'écrire ce que l'enfant a voulu représenter.

     

    Le dessin, la maternelle et la liberté 

    dessin libre moyenne section

     

    Pourquoi et comment le dessin libre permet-il de stimuler l’enfant plus efficacement que tous les autres dispositifs pédagogiques ?

     

    La pédagogie de Maria Montessori (je veux parler de la vraie dame Italienne du début du XX ème siècle, pas du tout et parfois n’importe quoi que ça donne aujourd’hui) est très dirigiste. Il n’est pas question par exemple que les enfants se servent du matériel pédagogique à leur guise, il n’est destiné qu’à un seul usage. C’est pourquoi Célestin Freinet jugeait son cadre trop « formel », « étriqué », « faussement scientifique »… Pourtant, les deux pédagogues, ainsi que la plupart des autres grands éducateurs d'ailleurs, se rejoignent étrangement sur la nécessité de laisser les enfants des maisons des enfants ou des réserves d’enfants s’exprimer librement par le dessin, la peinture et le modelage. Maria Montessori raconte même avoir arrêté une enseignante sur le point de reprendre un élève qui avait utilisé du rouge pour représenter un arbre. Les exercices divers de raffinement des sens qu’elle proposait, associés à un entrainement adapté permettent à l’enfant de progresser sans nécessité de contrôle ou de guidage qui au contraire bloquerait l’enfant. C’est en se sentant encouragé dans ses tâtonnements que l’enfant progressera le mieux, le plus vite et risquera le moins de se sentir frustré, bloqué ou incapable de parvenir à son but.

    Diriger chaque étape d’un travail au cours duquel l’enfant n’a presque aucune marge de manœuvre peut donner sur le moment l’impression d’être plus efficace parce que l’on aura immédiatement un résultat plus flatteur que le gribouillage agrémenté d’un « maman ! » que l’on obtiendra généralement pendant les premiers mois de PS. Cependant, à la fin de l’année scolaire, l’enfant qui aura gribouillé sans relâche produira spontanément des dessins plus riches et en parlera plus volontiers et plus aisément que celui qui aura des cartons à dessins remplis de travaux découpés et collés par l’ATSEM.

     

     Le dessin, la maternelle et la liberté

    Moyenne section: le dessin d'observation, apparu spontanément,se fait de plus en plus précis.

    Le dessin, la maternelle et la liberté

    Les enfants s'encouragent mutuellement en regardant les productions de leurs camarades.Ici le dessin d'observation s'enrichit avec des éléments imaginaires. (dessin libre, moyenne section)

     

    Par conséquent, la patouille libre, ça peut sembler frustrant, ça peut donner l’impression que l’enseignant flemmarde, ça peut être moins tape à l’œil, mais sur le long terme, je ne crois pas qu’on ait trouvé plus efficace pour l’épanouissement global d’un enfant.

     

     

    PS: J'assume le terme "bébé" employé parfois pour des enfants jusqu'à 4 ans, comme le faisait Pauline Kergomard lorsqu'elle voulait souligner l'inadéquation de certaines attitudes envers de très jeunes enfants. ("Eh ! mon Dieu, les directrices qui donnent la croix à des bébés de quatre ans !")

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  • J'ai assisté mercredi à une conférence de Céline Alvarez (son site, la maternelle des enfants, est ici)

    Je vous livre mes notes sans commentaires ou presque (quelques uns, en italiques) ils suivront si je trouve le temps (je dois trouver aussi celui de publier mon travail sur le dessin libre et son histoire, celui sur la discipline chez Kergomard/Montessori/Freinet, la dernière séquence de dessin de mon année "clés en main" au cycle 2,...)

     

    L’amphithéâtre est plein. Il y a au moins 2 photographes avec du bon matériel. Apparemment l’un d’eux est un professionnel qui remplace une équipe de tournage prévue initialement.

     

    Introduction par la directrice du Canopé

     

    "nous sommes RAVIS “en majuscules gras et souligné” de bénéficier de votre présence"
    « Un regard scientifique, de chercheuse... » Elle ajoute que les enseignants qui veulent se lancer bénéficieront de matériel et d’animations pédagogiques.

     

    Céline Alvarez prend alors la parole.

    Elle explique avoir travaillé avec des adultes et des enfants au Togo, puis être revenue en France mais au départ sans intention d’y rester. C’est à ce moment que son engagement pédagogique est devenu réel et presque politique.

    Elle reparle des deux chiffres dont elle parle souvent au sujet de l’échec scolaire et de la montée de la violence : « Pourtant nous sommes pré câblés pour apprendre naturellement en ne faisant rien d'autre qu'en vivant »

    « Et pour vivre en harmonie avec les autres nous sommes pré câblés aussi »

    >> Nous avons des prédispositions innées pour apprendre et pour aimer.


    Il existe des grandes lois d'apprentissages :

    1. plasticité cérébrale et intelligence sensorielle
    2. Nécessite d'être actif pour le jeune
    3. Bienveillance

    Actuellement le rapport entre l’effort fourni par l’éducation nationale et les résultats n’est pas bon, comme si on avançait avec un frein à main, parce que nous avançons à contre sens de ces lois.

    Céline Alvarez s’appuie sur « le travail visionnaire de Maria Montessori »
    ainsi que sur les neurosciences afin que ces savoirs soient partageables.

    Elle passe alors la vidéo résumant l’expérience de la classe de Gennevilliers

    Comment a-t-elle obtenu les conditions nécessaires à cette expérience ? Piston ?
    « Non je suis rentrée en disant qu'il était hors de question
    de faire autrement donc j'ai frappé aux bonnes portes sans relâche. »

    Mais mais mais ??? Je connais tout un tas de gens qui ont frappé à des tas de portes sans relâche sans autre résultat que de s’épuiser.


    «J'avais demandé au ministère la possibilité de tester les enfants chaque année au niveau cognitif. »

    « Résultats extraordinaires massifs impressionnants et rapides. »
    Très difficiles à décrire en mots mais attitude de présence extraordinaires

    Les conquêtes étaient rapides et heureuses et ce n'est qu'un aperçu des potentiels humains. On peut aller plus loin.

    Le ministère a décidé de ne pas poursuivre l’expérience à l’issue des 3 premières années « Et c'est très bien.»
    « Finalement tout bien réfléchi j'avais pas envie de tester des écoles et de contrôler/fliquer des enseignants. »

    Cela lui aurait rendu un grand service en lui libérant du temps et de l'énergie pour
    faire ce qu’elle fait actuellement :

    « Libérer tout l'héritage de Maria Montessori qui appartient à tout le monde. »
    « Partager avec les enseignants et parents les grandes lois fondamentales. »

    Elle insiste alors sur le fait que le cadre qu’elle donne est non négociable MAIS très vaste.
    à l'intérieur chacun est invité à faire selon ses possibilités.


    « La bonne nouvelle c'est que ce que je vais vous dire, vous le savez déjà. Je veux que vous sachiez grâce aux sciences que vous avez raison. »
    « Je ferme mes notes plus besoin »

    Plasticité cérébrale.

    Cf vidéo disponible sur le site

     


    « Ceux qui l'ont déjà vue vont renforcer leurs connexions synaptiques »
    « Maria Montessori parlait de 2 phases embryonnaires dans la vie : celle in utero et celle après la naissance »
    Illustrations : nombre de connexions synaptiques sur internet, chez l'adulte et chez l'enfant. L'enfant en a beaucoup plus qu’internet et l’adulte réunis, qu'il va perdre en route pour se spécialiser :
    C’est l'élagage synaptique.

    Le cerveau trie en fonction de la fréquence et pas de la qualité . L'être humain est donc particulièrement vulnérable à son environnement.

    Cf expérience "the early catastrophe"
    A 4 ans il y avait une différence entre les enfants de milieux  différents de 30 millions de mots entendus.
    Les « périodes critiques » pendant lesquelles la plasticité est accrue sont comme des fenêtres de tir pour le cerveau.
    Exemple : Période critique jusqu'à 9 mois où le bébé réagit à tous les sons de
    toutes les langues du monde.  A 12 mois les enfants ne sont plus capables de réagir aux sons qui ne sont pas dans la langue de leur environnement.
    Étude sur les adolescents exposés à la cocaïne pendant leur vie fœtale. (c’est expliqué sur le site)
    Les facteurs environnementaux comme violence et manque d'interaction sont donc plus délétères que l'exposition prénatale à la drogue.
    Expérience de Bucarest (cf le site )
    Capacités  de résilience quasi totale avant 2 ans.


    L’ enfant est un être d'exploration.

    Il faut lui donner à explorer. Tous les enfants sont curieux naturellement.
    Il faut leur offrir un environnement de qualité dès la naissance. Veiller à nos propres comportements parce que chaque fois que nous faisons quelque chose nous sommes en train de l'apprendre à l'enfant.


    L’ environnement doit être ordonné. Nommé classé organisé, riche et varié.
    Là où grandit l'intelligence humaine il faut qu'il y ait la vie, le langage, les mathématiques, la musique, le sport, la cuisine, les activités quotidiennes et pratiques. Ne pas couper l'enfant du monde.
    Il faut qu'il puisse évoluer avec une grande mixité sociale donc pas seulement avec des enfants de son âge. On n'est pas câblés pour ça.  Il n’est pas physiologique de mettre 30 enfants de 3 ans ensemble. Il faut des enfants un peu plus jeunes et d'autres plus âgés car il faut qu'il y ait autour de soi des êtres dans la zone proximale de développement.
    Elle pense que le triple niveau c'est super et pense même qu'il faudrait aller plus loin. Classer les enfants par année d'âge est affreux .


    Environnement doit être tel que l'enfant peut y être autonome.


    Un environnement qui laisse le temps d'explorer à l'enfant.


    Catherine Guéguen pense qu'il faut 5 à 6 mois pour qu'une expérience soit intégrée « pour que le cerveau se câble. »

     


    2 ème pillier des neurones cognitives: les fonctions exécutives.

    Ce sont les fonctions
    essentielles de notre intelligence.
    Mémoire de travail (garder informations en mémoire , planifier ses actions successives )
    Contrôle inhibiteur (contrôler les gestes, les émotions, réfléchir avant d'agir ) Le cortex préfrontal n’est pas encore mâture à 4 ans donc les enfants ont un très mauvais contrôle inhibiteur)
    Flexibilité cognitive (détecter une erreur, ajuster sa stratégie, créativité )

    Sans ses compétences nous ne pourrions pas avoir un comportement intentionnellement organisé pour atteindre un but...
    Toute situation d'action ou d'apprentissage est très difficile. C'est ce qui se produit pour beaucoup d'élèves en élémentaire.
    Ce sont les fondations biologiques de l'apprentissage.
    "même lorsque 2 enfants seulement possèdent des compétences exécutives
    sous développées une classe entière peut être désorganisée ... " (chercheurs de Harvard)
    Le développement des fonctions exécutives est plus prédictif pour la réussite globale que le QI !

    Cf le marschmallow test


    Ce test est plus prédictif que le QI pour la réussite dans la vie.
    Fenêtre plastique (période sensible) de ces compétences se situe entre 3 et 5 ans. L'être humain est alors poussé à faire les choses lui même (période du "moi tout seul")

    Indicateurs positifs : envie de faire seul. Concentration
    profonde et grande satisfaction à faire seul.
    Indicateurs négatifs: mécontentement quand empêche de faire seul "caprices"
    Petit garçon  à Gennevilliers qui avait perdu cette envie là  (les grands-parents mettaient ses chaussures brutalement à la place de l'enfant. ) Il errait
    sans rien faire dans la classe, embêtait les autres sans ordre ni objectif intelligent.
    L’objectif de l’enseignante était donc de pousser les grands parents à le laisser faire seul. Pendant quelques semaines elle s'occupait de ce petit garçon dès son arrivée.  « Je te montre comment enlever ton manteau » etc. Au début il n'avait pas envie. Il attendait.
    Un jour on entend un hurlement. Le petit courrait pour mettre ses chaussures tout seul parce que sa grand mère voulait lui mettre à sa place. Tout le couloir l'a prise pour une dingue mais elle a gagné la confiance de cet enfant en insistant ce jour là pour qu'on le laisse mettre ses chaussures seul.

    Il faut permettre aux enfants de faire seuls au quotidien. Aider à faire sans faire à  la place puis s'effacer progressivement.
    Lorsque l'enfant construit des compétences exécutives l'ordinaire est extraordinaire.
    Pas besoin d'aller chercher des activités extraordinaires .
    Analyse de Marty Rossman : Impacts positifs sur la vie future du fait d'avoir participé aux tâches quotidiennes ménagères à 3 ans. Ce n’est pas aussi efficace pour ceux qui ont commencé ados car la période sensible est alors passée.
    Avant même de penser à enseigner quoi que ce soit notre tâche est de ne pas entraver le développement des compétences exécutives du jeune enfant. Le reste attend.

    Attention on ne peut pas entraîner les compétences séparément !!! On n'est pas
    fait pour fonctionner de façon saucissonnée !
    Les activités peuvent être multiples du moment qu'elles sont intelligentes construites et ordonnées (et culturelles)

    Le jeune enfant est un être d'action. S'opposer à cela peut être dramatique.
    Il faut préparer un environnement dans lequel ils peuvent être autonomes, ne pas les exposer aux écrans, favoriser l'activité individuelle même s'il est naturel que des petits
    groupes se forment.
    Tout doit être assez clairement organisé. L'ordre permet un bon contrôle de l'erreur. Ils prennent une activité et ensuite doivent se souvenir où ils l'ont rangée.
    Offrir des activités pratiques quotidiennes.
    Maria Montessori avait senti tout cela, d'où les activités pratiques dans les maisons des enfants. Le faire est important pour eux plus que le résultat.

    Les vidéos sur les activités pratiques sont sur le site. Elle nous montre celle sur verser l'eau dans un verre.
    A très envie de montrer la vidéo du PS qui apprend à lire.  Ne l'a pas. La raconte.

    La voici :

     

    L’enfant a passé toute sa petite section à faire des activités pratiques avec beaucoup d'exactitude, puis en mai a voulu suivre les moyens qui lisaient déjà pour beaucoup (albums jeunesse) l'a incité une ou deux fois à reposer le matériel des lettres rugueuses. Puis a laissé faire et filmé.
    Ce qu'on a à faire ce n'est pas de leur apprendre à lire mais de construire ou de ne pas empêcher de construire les compétences fondamentales.

    1. Étayage bienveillant

    "aide moi à faire seul" (expression du petit fils de Maria Montessori)
    L’humain est donc être d'action, d'exploration, et social.

    Vidéo "pourquoi apaiser un enfant stressé " (Catherine Gueguen) : Le cortex préfrontal nous aide à gérer nos émotions et celui de l'enfant est immature.
    Lorsqu'on a l'attitude bienveillante on engage un cercle vertueux d'une puissance extraordinaire . Cela permet la maturation du cortex préfrontal mais aussi du cortex orbito-frontal, de l'hippocampe et de faire sécréter de l'ocytocine, de la sérotonine,  de l'endorphines et d'une molécule au nom bizarre que je n’ai pas eu le temps de noter mais qui permet de renforcer les connexions synaptiques.

    A l'inverse le stress réduit la masse préfrontale. Mauvaise gestion des émotions, mauvais développement des fonctions exécutives, réduction du volume de l'hippocampe...
    Le stress fait sécréter du cortysol qui à trop hautes doses est toxique. Cela diminue la plasticité cérébrale.
    Il n’est pas évident d'être dans une bienveillance totale avec des enfants qui quelquefois nous font péter des câbles. Ce n’est pas grave si on ne réussit pas totalement, l'important c'est de tendre à cela.
    Attention lors de l'étayage à nos projections, elles sont créatrices (cf rosenthal et jakobson sur l'effet pygmalion et l'effet golem)

    Il faut éradiquer les situations de stress, favoriser un environnement social riche, varié, empathique et aimant.
    Notre posture doit être horizontale et pas verticale et stressante. C’est beaucoup plus important que d'avoir du matériel cher et beau.

    Met la vidéo "all you need is love"

     

    On passe alors aux questions, malheureusement je n’ai pas pu les entendre jusqu’au bout car je devais aller récupérer ma fille à la crèche.


    -Quid des enfants de plus de 6 ans ?
    > je vais y réfléchir d'ici 2 ans


    -comment débuter ?
    >voir le blog


    -avec une classe de PS pure ?

    >moi je le ferais pas.
    L’important est de pas se stresser en tant qu'enseignant. Les grands
    portent l'étayage des petits dans une classe multiniveau. Ce n’est pas possible en PS pure

    -quelle est l'équipe dont vous parlez parfois qui travaille avec vous?
    >J’ai demandé à choisir mon atsem dans l'école au début de l'expérience et 2 personnes se sont greffées au projet depuis cet été.


    Projet de faire le tour du monde pour chercher les meilleurs experts pédagogiques et scientifiques pour le monde de demain.

     

    Pour commencer, je lui conseillerais bien de lire la maternelle du XXIème siècle de Catherine Huby. Mais je n'ai pas son adresse postale pour la lui envoyer.


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